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Discours d’ouverture du ministre des Affaires étrangères Heiko Maas lors de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes

15.12.2020 - Article

Aucun d’entre nous n’oubliera jamais cette année 2020 car elle a dépassé tout ce que nombre d’entre nous auraient pu imaginer.

La pandémie de Covid‑19 nous a pris au dépourvu. Les conséquences de la pandémie auxquelles nous devons faire face sont d’une gravité sans précédent. Et personne n’est encore tiré d’affaire.

Mais je trouve que nous avons aussi de bonnes raisons d’espérer.

Par le passé, les chercheurs du monde entier n’ont jamais mis au point, dans de si brefs délais, des vaccins efficaces qui seront bientôt disponibles.

Cela démontre plus clairement que jamais que l’importance de la coopération internationale est de nouveau prise au sérieux.

Et il n’a jamais été aussi essentiel d’avoir des amis et des partenaires dans le monde entier avec lesquels on peut coopérer.

Et c’est dans cet esprit, chers collègues, que j’assiste à notre réunion d’aujourd’hui. Ce n’est pas par hasard si l’Amérique latine et les Caraïbes sont à l’ordre du jour du dernier événement important organisé dans le cadre de la présidence allemande du Conseil de l'UE.

À juste titre, nous avons maintes fois évoqué notre amitié et nos valeurs communes. Et je trouve qu’au cours des derniers mois, elles ont fait leurs preuves dans la pratique :

pendant la crise, nous avons multiplié par deux notre aide humanitaire pour l’Amérique latine et les Caraïbes – David Beasley nous en parlera certainement davantage dans un instant.

Nous avons envoyé des équipes de médecins dans la région et mis à disposition des tests de dépistage de la Covid‑19.

Et nous autres Européens tiendrons notre engagement et veillerons à ce que le vaccin ne soit pas livré uniquement dans les pays qui peuvent se le permettre, mais là où on en a besoin.

Parce que nous ne voulons pas abandonner nos amis sur lesquels nous voulons aussi pouvoir compter dans notre coopération future. Et parce que nous savons que nous ne pourrons vaincre la pandémie de façon réellement durable qu’en la maîtrisant à l’échelle mondiale.

Le grand explorateur de l’Amérique latine Alexander von Humboldt a dit un jour : « De la connaissance naît la pensée ». Nous sommes tous convaincus de l’importance tant de l’avis des scientifiques que des échanges scientifiques – surtout en ces temps difficiles.

C’est pourquoi j’aimerais vous proposer aujourd’hui de créer ensemble en Amérique latine et aux Caraïbes un centre de recherche sur les maladies infectieuses opérant de manière centralisée et à vocation transnationale. Et je serais très heureux de recueillir dès aujourd’hui vos premières évaluations et réactions dans le cadre de cette réunion.

Chers collègues, la pandémie montre l’importance tout à fait vitale de la coopération multilatérale et de la solidarité internationale.

Et il se passe actuellement beaucoup de choses dans le monde.

Notamment en ce qui concerne la concurrence entre grandes puissances à laquelle nous sommes confrontés, force est de constater que l’antagonisme entre les États‑Unis et la Chine continuera de marquer la politique internationale. Et ce sont justement nos pays qui doivent en tenir compte dans leurs décisions politiques et économiques.

Un « découplage » ou une division du monde en deux camps opposés comme au temps de la guerre froide n’est certainement pas dans notre intérêt ni dans celui de quiconque.

C’est également pour cette raison que ce matin, nous avons discuté de la manière dont nous pouvons continuer à garantir notre souveraineté numérique. La mise en service du câble sous‑marin reliant le Brésil au Portugal nous permettra l’année prochaine de rapprocher encore davantage nos deux mondes de données – et il faut s’en réjouir.

Et il me semble que nous devons renforcer cette dynamique. Par exemple par la mise en place d’une plateforme de connectivité euro-latino-américaine qui réunit les gouvernements et les entreprises dans le domaine de l’infrastructure numérique.

Et il est louable, cher Josep, que l’Union européenne souhaite avancer dans ce dossier – dès les prochains mois – et qu’elle ait présenté à cette fin un programme très complet.

Chers collègues,
Ces réflexions s’inscrivent bien entendu dans un climat d’inquiétude concernant la reprise économique et financière après la crise.

Je suis fermement convaincu que de simples encouragements ne sont pas suffisants dans ce contexte.

Car cela ne nous permettra pas de relever les défis de demain, que ce soit au niveau du changement climatique ou de la numérisation, ni de répondre aux attentes de nos citoyennes et citoyens, telles qu’ils les expriment déjà dans les mouvements sociaux en Amérique latine comme en Europe.

Il nous faudra absolument garder cela à l’esprit lorsque nous parlerons aujourd’hui des manières de renforcer nos relations économiques et commerciales.

Nous nous réjouissons de la signature prochaine du nouvel accord commercial entre le Mexique et l’UE.

Et nous soutenons aussi la conclusion de l’accord entre l’UE et le MERCOSUR. Car il vaut mieux façonner ensemble les normes sociales, écologiques et commerciales de demain que de se les faire dicter par d’autres puissances.

C’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’un nouveau processus de dialogue entre l’UE et le MERCOSUR, ainsi qu’avec la société civile et les entreprises, qui soit à même de répondre aux questions qui n’ont pas encore pu être réglées concernant la lutte contre le changement climatique et le développement durable.

Les pays de votre région et notamment les îles des Caraïbes sont déjà touchés de plein fouet par le changement climatique. C’est pourquoi, avec la République dominicaine et Saint-Vincent-et-les-Grenadines, nous avons continué de faire avancer la question du climat et de la sécurité au sein du Conseil de la sécurité des Nations Unies.

Et la lutte contre le changement climatique peut et doit encore davantage influencer notre politique commune.

Cela n’est pas en contradiction avec la reprise économique. Il nous faut donc poursuivre nos efforts afin de débattre des dossiers qui font actuellement l’objet de discussions en Europe dans le cadre de l’accord avec le MERCOSUR. Mais j’aimerais également vous le dire une nouvelle fois : un tel accord sera bénéfique pour les deux parties signataires.

En Allemagne, dans le domaine de la reprise économique et du développement durable, nous avons ainsi adopté par exemple notre stratégie nationale sur l’hydrogène il y a quelques mois. Le principal objectif poursuivi est de conquérir ce marché d’avenir pour la restructuration durable de notre économie. Et dans ce cadre, l’Amérique latine et les Caraïbes constituent pour nous des partenaires idéaux.

Il y a quelques jours, un financement supplémentaire a été approuvé pour un projet d’avenir au Chili et d’autres pays, comme par exemple la Colombie, suscitent également de l’intérêt. Et dans ce domaine aussi, cher Josep, l’Europe agit sous ta direction en tant qu’« équipe Europe » – lorsque, par exemple, la Commission européenne promeut l’analyse du potentiel de l’hydrogène en Amérique latine et dans les Caraïbes.

S’il nous tient vraiment à cœur de « reconstruire en mieux », nous ne pouvons faire autrement que de parler des ressources financières nécessaires. Je suis conscient des importants déficits budgétaires creusés par la pandémie – il n’en va pas autrement chez nous en Europe.

C'est pourquoi nous soutenons, au sein du FMI, le volume de crédits élevé affecté à l’Amérique latine et aux Caraïbes, ainsi que l’utilisation de la ligne de crédit flexible, y compris pour les pays émergents.

Nous nous sommes également engagés en faveur de solutions durables dans le cadre du G20.

Dans ce domaine aussi, nous devons tourner notre regard vers l’avenir et lorsque, à l’avenir, nous débattrons d’allègements de dettes, nous devrons veiller à ce que les investissements et les conditions prévues à cet effet remplissent certains critères de durabilité. Et je me réjouis d’entendre bientôt notre collègue Claudia Blum de Colombie nous présenter des idées comme par exemple celle des « green debt swaps », c’est‑à‑dire de la conversion de dettes en investissement écologique. Cela constitue un sujet important et passionnant.

Chers collègues,

Au début de ce discours, j’ai parlé d’espoir en me projetant au‑delà de l’année 2020.

Mais il y a une chose que je n’ai pas encore évoquée : l’espoir que fait naître le fait que notre réunion ait pu avoir lieu aujourd’hui, que nous puissions échanger et être solidaires dans la crise.  

Et aussi le fait qu’avec vous, cher Augusto et cher Anže, ce soit deux collègues qui, l’année prochaine, reprennent le relais de la présidence du Conseil de l'UE et poursuivent les initiatives que nous engageons aujourd’hui.

Alexander von Humboldt a dit : « De la connaissance naît la pensée ».

Nous pouvons à présent ajouter : « De la pensée naît l’action commune ».

Dans cet esprit, je tiens à vous remercier de votre présence à tous ici aujourd’hui ainsi que de votre volonté d’évoquer avec nous les moyens d’intensifier encore davantage nos relations.

Dankeschön!

 

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